vendredi 2 mai 2008

LES CHÈVRES

Il voulait des filles,
Rien que des filles.
Il en avait.
Pour pas cher :
Au marché des hommes
Les filles sont données.
Il en avait même beaucoup.
Mais le pauvre, le malheureux
( et tout, et tout )
Il les perdait toutes !
Elles voulaient voir la ville
Et bouffaient du maquereau
Dans l'obscurité
Des chambres fermées.
Faut croire qu'elles sont vraiment
Toutes
Comme ça.
Elles partaient, quittaient
Travail, patrie, famille
Et le loup les mangeait...
( même les vieilles et les boudins,
j'ai jamais compris ! )
Alors un jour,
Il en pris une toute jeune,
Pour l'éduquer.
Les filles, si on veut qu'elles deviennent
Les madames à monsieur,
Faut les éduquer.
Au début, ça marchait pas trop mal :
Encore pas trop salope, la gamine.
Elle faisait la vaisselle, la cuisine,
Elle lavait même les slips, c'est tout dire !
Un jour pourtant...
Un con est venu lui dire
( fallait bien que ça arrive,
encore un "pas- de- chez-nous " )
Qu'elle avait de beaux yeux,
Tu sais .
D'abord, elle n'a pas compris :
Ses yeux, ses yeux... bof !
Après, elle a vu
Les grandes dents,
Les grandes oreilles,
Les grosses paluches,
Et toutes ces choses.
Et ils sont partis,
Main dans la patte,
Et le loup l'a mangée
Et nananinanère !
N'empêche, c'est pas en dévorant les chèvres
Que les hommes feront des loups-garous .

Sabine

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