jeudi 12 juin 2008

Condamnation (Et rire)

Toute douleur est mise au monde, 
La naissance n'est que l'apparition: 
L'inévitable purgatoire, 
L'apprentissage de la raison. 
Qui désespère en sourdine 
Ne peut vivre du temps qui passe. 
Les lamentations sont profondes 
Au premier jour de discipline, 
Au jour béni de la grimace. 
 Le coup second de l'existence 
Cadence la désillusion. 
La rentabilité devient rengaine 
Et l'innocence crépite 
Sur la poitrine de l'impotence. 
L'enfant hurle un pardon 
Qu'engouffre la fétide haleine 
D'une stérile réussite. 
 L'homme est un acteur oublié 
Qui n'aura pas même la promesse 
De quitter la scène pour s'éteindre. 
La partition de son silence 
Est inscrite sur son collier. 
Le tremolo en partance 
Indique toujours la même adresse. 
Nul n'est besoin de feindre.

Et rire (Condamnation)

C’est vrai, je vous le dis,
Vous pouvez me croire,
Puisque j’vous l’dis :
Je suis d’un naturel
Très gai.
Quand je suis venue au monde,
Qui m’attendait,
Soit dit en passant,
J’étais tellement heureuse
Que le toubib m’a frappée,
Sur les fesses,
Entre parenthèses,
Pour que je pleure,
Histoire de voir
Si j’étais bien vivante.
Couillon d’eau douce !
J’avais déjà le pouce dans la bouche !

C’est comme ça,
Je n’y peux strictement rrrien !
(Allitération en « r »)
De toute façon,
C’est pas bien grâve ….
(Insistance sur le « a » de grave,
C’est l’accent d’chez moi)
Je peux me forcer
À tirer une tronche
Comme ça.
C’est facile :
Je me concentre,
Je pense à mon prochain
Qu’est toujours accompagné d’un curé,
Je pense à l’autre joue,
Et je n’ai plus envie de rire.
Et tout l’monde est content.
Mieux encore :
(C’était déjà pas mal)
Quand je ris si bien,
On pourrait croire que je gémis
Ça fait des heureux.
On m’a dit un jour :
« Pense à une petite fille
qui pleure »
Mauvais. Nul.
La gosse, elle pleure bien
Pour quelque chose,
Et si je vous disais pourquoi …

Et puis, surtout,
J’ai pas envie de me retenir,
C’est physique,
Ça me coince dans le ventre.
Comme une envie de quelque chose,
D’autre chose …
C’est drôle, suffit de l’dire …

mercredi 11 juin 2008

Solitude (Sunt ibi aut non sint)

Insensiblement, le bateau s’éloigne
Je ne suis pas à bord
Je ne suis pas à terre ;
Je suis en l’eau qui dort
J’accuse l’éphémère
Et mon corps en témoigne

À quoi bon regretter
Le pétale de certitude
Quand, à l’aube fuyante,
L’âme en est même privée ?
L’espoir tombe en désuétude :
La chute est arrogante.

La mort est un retour
À l’ivresse primitive :
On ne vit pas de tout.
J’accorde au vieux tambour
De me battre craintive :
Il frappe mon dégoût.

Je ne reviendrai pas.
Ma puissance est en moi,
Absente émotion,
Silencieuse résolution.
Le ciel est un combat,
Le bateau un pilier de foi…

samedi 7 juin 2008

Sint ibi, aut non sint (Solitude)

Vous y êtes ?
Soyons logiques : forcément, nous y sommes !
Ça se voit !
Reste à savoir où nous sommes,
Mais ça, ça ne regarde que nous, c’est privé !
En tout cas, une chose est sûre :
Nous y sommes.
En fait, c’est une question idiote, non ?
(Alors, pour ce qui est de la réponse
Il ne faut pas s’attendre à des miracles !
quoique …)
puisque l’on parle de questions
(c’est bien de cela que nous parlions, n’est-ce pas ?)
comment se fait-il
(autant que cela puisse se faire)
que les gens intelligents
attendent toujours des réponses intelligentes
À leurs questions ?
Puisqu’ils sont intelligents
Ils n’ont pas besoin de poser de questions.
S’ils en posent,
Ce sont obligatoirement des questions bêtes
Qui réclament des réponses de bêtes
Or, les bêtes ne répondent pas aux questions …
Mais c’est peut-être aussi
Pour nous apprendre à répondre ?
Alors ça, ce serait très fort !
Ce serait même gentil !
Ils nous font croire qu’ils sont idiots
Pour que nous soyons moins complexés.
C’est vraiment très malin !
Mais maintenant que nous le savons,
Aurons-nous la méchanceté d’entrer dans leur jeu ?
Je me le demande.
(Ne vous croyez pas obligés de me répondre)
Alors, si je vous pose la question :
« Vous y êtes » ?
C’est pour que vous soyez heureux d’y être.
Vous y êtes ?
Moralité : si vous ne voulez pas passer
Pour un imbécile à vos propres yeux,
Ne vous posez que les questions
Dont vous ignorez la réponse.